Société & Culture
Le 8 mars est une dâte mémorable pour les féministes du monde entier, car c'est la journée internationale de la femme. Le mouvement féministe en Haïti est toujours au combat, et a de nombreux défis et perspectives à souligner quelques féministes haïtiennes dans le cadre de la célébration ce 8 mars 2022.
Le « NON » aux violences faites aux femmes et aux filles est le pilier des revendications de ce secteur dans le pays. Selon les féministes haïtiennes, les femmes sont victimes de diverses formes de violence, mais les femmes de certains secteurs sociaux souffrent encore plus de ce problème.
Selon la Convention des Nations Unies sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, adoptée en 1993, ce type de violence est défini comme suit : « toute violence à l'égard d'une femme qui cause ou est susceptible de causer des lésions corporelles ou physiques ou psychologiques.
La violence contre les femmes et les filles en Haïti prend de nombreuses formes : domestique, sexuelle, physique, psychologique, économique et verbale. Cette violence s'exerce sur la quasi-totalité des femmes (femmes rurales, femmes des grandes villes, femmes sachant lire, écrire et handicapées), mais il existe des groupes vulnérables qui en sont victimes d’avantage.
Selon l'Enquête sur la Mortalité, la Morbidité et l'utilisation des Services (EMUS) en 2018, 29% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans sont victimes de violence en Haïti. 45% des femmes sont maltraitées par leur mari ou partenaire, toujours selon l'EMUS.
Les femmes qui vivent dans les quartiers populaires sont plus susceptibles d'être victimes de ce type de violence, surtout avec la violence généralisée dans ces quartiers, selon la militante féministe Kenidd Ascelin. Elle a dit que la violence subie par les femmes et les filles est due aux diverses étiquettes que la société met sur les femmes, qui distinguent le travail des femmes, les activités des femmes et les capacités des femmes par rapport à l'homme.
Le fait qu'elles soient des femmes est déjà considéré comme un facteur de risque qui les rend plus vulnérables à la violence, selon Daniel Mogloire, une militante féministe haïtienne.
En Haïti, la violence verbale est considérée comme une violence publique. Ils l'utilisent pour dévaloriser, humilier, rabaisser les femmes. La violence verbale est également utilisée dans la musique, les meringues de carnaval, lorsque des hommes harcèlent sexuellement une femme ou une fille dans la rue, en collant des affiches avec des corps de femmes et d'autres.
Cette violence a un effet profond sur les femmes et les filles, selon un rapport de 2017 sur la violence à l'égard des femmes. Les femmes ont peur de s'impliquer dans les affaires politiques du pays, sont abandonnées leurs fonctions et ne veulent pas prendre d'initiatives politiques.
Selon la coordonnatrice de « Women for Liberty », Stéphanie Michel, en Haïti, malgré les allégations sur la situation de violence, et malgré le fait que des avant-projets de loi aient été présentés au parlement, jusqu'à présent aucune législation n'a été promulguée de manière spécifique contre la violence faite aux femmes et les filles. Le mouvement féministe n'a que la loi sur les agressions sexuelles approuvée par le Parlement en 2005, ainsi que la loi interdisant de frapper les femmes et les filles sur leur corps approuvée par le parlement haïtien en 2001.
En 1981, le gouvernement haïtien a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et la Convention sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes en 1996, mais ces cadres juridiques restent non respectés, selon Stéphanie.
Le plus grand défi pour le mouvement des femmes est d'éliminer le système patriarcal et de briser la chaîne de la violence. Mais pour que cela se produise, le mouvement des femmes doit tenir le flambeau de la mobilisation solidaire les unes envers les autres, affirme la coordinatrice de l'organisation "Femmes pour la liberté".
Pour le membre de l'organisation féministe (Solidarité des femmes haïtiennes) (SOFA), Kenidd Ascelin, l'absence de lois spécifiques sur les violences faites aux femmes est l'une des raisons pour lesquelles les femmes sont plus victimes dans le pays, puisqu'il n'existe pas de sanction spécifique pour différents types de violences.
Elle estime que les défis sont nombreux, mais le plus difficile est d'éliminer l'idée de supériorité et d'infériorité que la population pense exister, respectivement, pour les hommes et les femmes. Mais pour y parvenir, le mouvement féministe doit se renforcer et comprendre son rôle dans la société.
Ce travail est réalisé grâce au soutien et à la subvention du Knowledge and Innovation Exchange (KIX) du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) et du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Ottawa, Canada.
En savoir plus sur ce projet : https://redclade.org/contra-violencia-de-genero/